L'équilibre
hydroélectrolytique
Ainsi que nous l'avons vu dans plusieurs cours, on se rappelle que les
solutés diffusent selon leur gradient de concentration. Mais, si il y a
gradient, il y a forcément une différence de concentration entre des différents
milieux. Ces gradients sont indispensables à la vie cellulaire, et de leur
équilibre et leur maintient dépend la survie de l'organisme entier
, dont l'eau représente environ 60% du poids total.
I - La compartimentation hydrique.
On distingue différents types de compartiments hydriques. Le premier, venant
immédiatement à l'esprit est celui contenant le sang, à savoir le compartiment
extracellulaire. Mais il faut y rajouter l'eau se trouvant en milieu
interstitiel, et appartenant également au compartiment extracellulaire.
Le second compartiment, est bien entendu, le compartiment intracellulaire,
c'est à dire l'ensemble de l'eau et de ses solutés se trouvant à l'intérieur
des cellules.
Fig. 1: Schéma représentant les
compartiments hydriques de l'organisme
On pourrait distinguer encore d'autres sous compartimentations, comme la
lymphe, le LCR, les sérosités, etc., mais on préférera les inclure dans le
milieu "interstitiel" pour une plus grande facilité de compréhension.
II - Composition des liquides organiques:
On remarquera tout de suite une grande différence de concentration de
certains ions entre les différents milieux:
Fig.2: Schéma de répartition des
solutés dans les compartiments hydriques
En effet, le potassium, pour exemple, est beaucoup plus concentré en milieu
intracellulaire, contrairement au sodium. Ces différences, allant à l'encontre
de l'équilibre qui s'imposerait naturellement et passivement par les gradients
de concentrations induisent un rééquilibrage actif et constant: c'est le rôle
des pompes ioniques, qui seront développées plus loin.
III - L'équilibre hydrique:
Deux forces "passives" induisent des mouvements intercompartimentaux; il s'agit de la pression
hydrostatique et de la pression osmotique.
Un adulte consomme en moyenne 2,5L d'eau par jour. Afin de conserver l'équilibre,
il en rejette autant, la majorité par les urines (60%), par la respiration
(28%), la transpiration (8%) et les matières fécales (4%).
La soif:
Les liquides organiques doivent être maintenus dans un équilibre osmolaire très étroit, de 290 à 300 mmol/kg).
Quand l'osmolarité augmente, il se produit une
sécheresse buccale, ainsi qu'une stimulation des centres de la soif, situés au
niveau hypothalamique. L'hyperosmolarité provoque une
fuite de l'eau intracellulaire de ces cellules, ce qui permet ainsi leur
dépolarisation: ce sont les osmorécepteurs.
Des récepteurs situés au niveau de la bouche et de l'appareil digestifs
confirment l'absorption et exercent une rétroinhibition
avant même que l'eau ait atteint le sang. Parallèlement, la libération d'ADH est activée.
IV - L'équilibre ionique
Un ion est un atome ou molécule qui a perdu ou gagné un ou plusieurs électrons:
ils possèdent une charge électrique non nulle. Nous les connaissons à l'état
stable sous formes de sels, où ils s'associent avec un ion complémentaire,
formant ainsi un couple moléculaire de charge nulle. L'exemple du sel de
cuisine est le plus courant:
NaCl, ou chlorure de sodium, est une molécule de
charge nulle, formée par l'accouplement d'un anion (ion négatif) Cl- et
d'un cation (ion positif ) Na+.
Dilués dans les liquides organiques, leurs propriétés électriques sont
indispensables à l'excitabilité membranaire des cellules.
Fig.3: principaux désordres hydroélectrolytiques
Ion |
|
Etiologie |
Conséquence |
|
K |
+ |
Insuffisance rénale, hypoaldostéronémie,
lyse cellulaire importante, injection directe |
Bradyarythmie pouvant aller à
l'arrêt cardiaque |
|
- |
Troubles digestifs, Cushing,
inanition, hyperaldostéronémie, diurétiques |
Arythmie avec arrêt cardiaque possible, alcalose,
hypotonie musculaire. |
||
Na |
+ |
Rare, administration IV excessive |
HTA,oedèmes, Insuff.Card. |
|
- |
Brûlures importantes, Addison, vomissements, potomanie |
Déshydratation, hypotension, confusion mentale, coma et
décès par oedème cérébral |
||
Cl |
+ |
Apport excessif ou rétention, hyperK. |
Acidose liée à une perte des ions bicar., Stupeur, Tachypnée, Inconscience |
|
- |
Vomissements, hypoK, ingestion
importante de substances alcalines |
Alcalose par rétention des bicar |
||
Mg |
+ |
Rare, hypoaldostéronémie,
ingestion importante |
Troubles de la conscience, coma, dépression respiratoire. |
|
- |
Exogénose, diurétiques,
malnutrition |
excitabilité neuromusculaire accrue, convulsions, fatigue
++ |
||
Ca |
+ |
Hyperparathyroïdie, ingestion excessive de Vitamine D, Cushing,
Paget,
néoplasme |
Perte du capital osseux avec fractures spontanées,
douleurs, lithiases calciques, troubles du rythme, respiratoires et coma |
|
- |
alcalose, carence en Vit D |
Tremblement, troubles tétaniques, convulsions,
hypoexcitabilité cardiaque. |
||
A - Le Sodium:
L'ion Na est parmi l'équilibre le plus important pour le maintient de
l'homéostasie. Sous toutes ses formes, il représente plus de 90% des ions
extracellulaires. Ne traversant pas facilement les membranes plasmiques, son
transport actif est réalisé par les pompes à Na/K.
Régulation:
Il existe trois principaux mécanismes régulateurs:
L'aldostérone est le principal facteur de régulation du sodium
extracellulaire, bien qu'en l'absence de celui-ci, 80% des Na+ sont tout de
même réabsorbés au niveau rénal. L'aldostérone provoque une réabsorption active
du Na au niveau des tubules contournés distaux et des canaux collecteurs.
L'aldostérone est produite par la zone glomérulée de
la corticosurrénale (voir anatomophysiologie
rénale). Sa production est activée principalement via l'appareil juxtaglomérulaire par le système rénine angiotensine.
Celui-ci se met en branle lors de la diminution de la pression artérielle, ou
de l'osmolarité du filtrat et inversement.
Des barorécepteurs situés au niveau de la crosse de l'aorte et des
vaisseaux du cou "surveillent" le maintient de la volémie par la
mesure de la pression artérielle. En cas de baisse volémique,
des influx sont communiqués au rein via l'hypothalamus et le système nerveux
sympathique, qui diminue son débit de filtration glomérulaire, réabsorbant
l'eau et le Na.
Des osmorécepteurs hypothalamiques,
enfin, détectent les variations d'osmolarité des
solutés et communiquent l'information à l'hypothalamus. En réponse à ces
influx, la neurohypophyse adapte sa sécrétion
d'hormone antidiurétique: une augmentation du Na déclenche la libération d'ADH, permettant alors sa dilution et inversement.
B - Le potassium:
Le potassium est le principal cation intracellulaire. Son rôle est
déterminant dans l'excitabilité et la dépolarisation des cellules, notamment
nerveuses et musculaires. C'est sa répartition de part et d'autre de la
membrane plasmique qui détermine le potentiel de repos.
Les ions potassium entrent aussi dans le cadre des systèmes tampons de
l'organisme par compensation des variations de pH: la modification des ions H+
de part et d'autre de la membrane cellulaire est compensée par des mouvements
opposés des K+. Ainsi, en cas d'acidose (augmentation des H+ intracellulaires),
il y a parallèlement un mouvement des K+ vers le milieu
extracellulaire et inversement, ce qui peut entraîner divers troubles,
notamment nerveux et musculaires.
Régulation:
Il dépend essentiellement des reins: la variation de concentration
extracellulaire est compensée par la sécrétion d'ions K+ par les cellules des
tubules rénaux, alors d'une diminution réduit cette sécrétion. Toutefois, une
légère sécrétion est constante, même en cas de déficit, pouvant, en cas de
carence d'apport, entraîner une grave hypokaliémie. Les cellules de la
corticosurrénales sont directement sensibles à la kaliémie, dont l'augmentation
provoque une stimulation de la libération d'aldostérone: La réabsorption des Na+
par les tubules nécessitent un échange avec un K+ (ou H+)afin de maintenir l'équilibre hydroélectrolytique.
C - Le magnésium:
Le Mg2+ est indispensable au métabolisme des glucides et des
protéines, et joue également un rôle dans la transmission neuromusculaire. Sa
régulation est encore mal connue, mais on suppose qu'elle suit les mêmes
mécanismes que le K+.
D - Le calcium:
Le calcium, Ca2+, est un cation indispensable à l'organisme: il sert à la
coagulation, à l'activité sécrétoire des cellules, et à l'excitabilité
neuromusculaire. C'est un électrolyte très précisément équilibré,
principalement par deux hormones, la calcitonine et la parathormone. On le
retrouve à 99% sous forme de sels dans les os.
La parathormone: c'est une hormone parathyroïdienne (voir schéma), stimulée
par la diminution de la concentration plasmatique en Ca2+, agissant
sur:
La calcitonine, hormone thyroïdienne, libérée en faveur d'une augmentation
de la concentration en Ca2+, agissant sur:
L'équilibre
Acido-basique
Des questions? Des suggestions? Venez en parler sur les forums.
Vous vous souvenez que la majorité des réactions
chimiques sont conditionnées par le pH du milieu dans lequel se déroule la
réaction. Aussi, la majorité des réactions chimiques, enzymatiques,
protéiniques de l'organismes ne peuvent se dérouler qu'en des conditions
d'acidité très précises, nécessaires au maintient de l'homéostasie.
Nous commencerons donc ce cours par un rappel des cours de chimie sur les
réactions acido-basiques, puis nous développerons les différents systèmes mis
en oeuvre par l'organisme afin de maintenir cet équilibre.
I - Rappels:
Un atome est composé d'un noyau, fait de protons et de neutrons, autour
duquel gravitent un ou plusieurs électrons répartis en couches, eux même
divisibles en particules encore plus petites. Les protons ont une charge
positive, les neutrons sont électriquement neutres. Les électrons, eux possèdent
une charge électrique inverse à celle du proton. Ainsi, un atome aura une
charge électrique neutre, possédant le même nombre de protons et d'électrons.
L'atome de Fer en possède 26 de chaque, le mercure, 80, tandis que l'hydrogène,
1. Les sous éléments étant parfaitement identiques, c'est leur nombre qui leur
confère des propriétés particulières. Les plus chimistes d'entre vous se
souviendront du tableau périodique des éléments de D.I. Mendeleïev.
Certains éléments ont la faculté de perdre ou de gagner facilement des
électrons, ainsi que de mettre en relations leurs électrons de la couche
externe. Ceci donne respectivement des molécules et des ions. Ce sont ces
derniers qui nous intéressent ici, plus particulièrement les ions provenant de
l'atome d'hydrogène.
Ce premier élément a pour particularité de perdre facilement son unique
électron. Ne restant alors plus que le proton chargé positivement, on le note H+.
C'est la concentration de H+ dans un soluté qui détermine son
acidité.
Le pH (potentiel Hydrogène):
"Inventé" par un brasseur danois, le pH est une échelle de mesure
logarithmique de 0 à 14, avec pour référence l'eau pure, qui a un pH=7, dit
neutre. Une échelle logarithmique est une échelle en puissance de 10. Dans le
cas du pH, 6 signifie qu'il y a dix fois plus d'ions hydrogène dans la solution
que pour le pH 7, 5, 100 fois plus, 3 10000 fois plus. A l'inverse, un pH de 8
signifie qu'il y a dix fois moins d'H+ dans la solution qu'un pH 7 et ainsi de
suite.
C'est ainsi que l'on définit une solution comme étant acide, si elle a un
pH<7, basique si pH>7 et neutre si son pH est égal à 7.
pH=Log [H+]
Le pH optimal des liquides organiques est régulé de manière très précise. Le
sang veineux est d'environ 7,4 et celui intracellulaire est neutre. Un pH
artériel supérieur à 7,42 détermine l'alcalose, et inférieur à 7,38, l'acidose.
C'est la plupart des métabolismes organiques qui sont créateurs d'acides: le
transport du CO2 libère des H+ ,
la dégradation anaérobie du glucose libère de l'acide lactique. Afin de maintenir
l'équilibre, l'organisme utilise des systèmes tampons.
Pour information, les variations du pH sont inversement
proportionnelles à la concentration bicarbonates/acide carbonique, selon l'équation
d'Henderson-Hasselbach:
pH= 6,1 + log (HCO3-
/H2CO3)
où H2CO3 (acide
carbonique)=0,03 PaCO2
Bien que non essentielle, nous vous conseillons de retenir cette formule,
ou du moins, son principe, car elle permet de retrouver l'ensemble des
équilibres, liens et conséquences d'une variation d'un paramètre.
II - Les tampons chimiques:
Le système bicarbonate/acide carbonique
est le plus important: l'acide carbonique H2CO3 et HCO3-se
retrouvent dans la même solution. L'acide carbonique est un acide faible et se
dissocie dans les solutions neutres ou acides. Les ions HCO3-,
eux, réagissent comme des bases faibles, captant les ions H+.
H+ + HCO3- ----------------->H2CO3-------->
H2O+ CO2
Ainsi, le proton est capté par l'ion HCO3-, formant de
l'acide carbonique. Celui-ci étant un acide faible, il n'abaisse alors que très
légèrement le pH de la solution. L'inverse est valable lors de l'adjonction
d'une base forte, celle-ci étant remplacée par une base faible augmentant peu
le pH.
L'ensemble des ions HCO3 - disponibles dans
l'organisme s'appelle la réserve alcaline. Sa concentration est assurée
par la respiration.
D'autres systèmes de tampons chimiques sont en place, tels le système
phosphate monosodique/phosphate disodique
et le système protéinate/protéines, et fonctionnent
sur le même principe que les HCO3-.
III - La régulation respiratoire.
Le gaz carbonique, déchet du métabolisme cellulaire, est expulsé par le
système respiratoire à mesure qu'il se forme.
CO2 + H2O
-------------------------> H2CO3--------------> H+
+ HCO3-
Lors de la dissociation, la molécule d'hémoglobine libère des ions H+
en même temps que le CO2. Ces ions se lient alors au HCO3
- pour former de l'acide carbonique, et ainsi, ne modifient pas le
pH.
L'hyperventilation provoque une élimination accrue de CO2, et provoquant une
diminution des ions H+. Cet état provoque un déplacement de la
formule vers la gauche, augmentant alors le pH, et provoquant une alcalose
respiratoire.
Inversement, une diminution de la ventilation provoque l'accumulation de CO2,
une augmentation des H+, et donc, une acidose respiratoire.
Ce système est utilisé par l'organisme afin de réguler le pH. En effet, bien
que plus lent que les systèmes tampons chimiques, le système respiratoire a une
capacité de régulation du pH supérieure à l'ensemble des tampons chimiques.
C'est pourquoi tout ce qui gène le fonctionnement correct du système
respiratoire a des répercussions au niveau de l'équilibre acido
basique de l'organisme.
La pression partielle de gaz carbonique (Pco2) dans le sang
artériel est le principal indice du fonctionnement du système respiratoire.
Normalement compris entre 36 et 42 mmHg, une pression
> à 42 révèle l'acidose, et l'alcalose si < à 36.
De même, une acidose provoque une hypobicarbonatémie
stimulant la ventilation, permettant ainsi de diminuer la PaCO2, donc les
acides carboniques
IV - La régulation rénale.
Seul l'acide carbonique peut être éliminé par le système respiratoire. Les
autres acides ou bases excédentaires sont donc excrétées par les reins.
Trois voies sont explorées par les reins:
V - Types de déséquilibres acido basiques.
L'acidose/alcalose est définie selon son étiologie:
Pour plus de détails, nous vous conseillons de consulter le site de la
Société Française d'Anesthésie Réanimation, la SFAR: http://www.sfar.org