INFECTIONS A STREPTOCOQUES

INFECTIONS A STREPTOCOQUES

 

 

INTERET

Le genre Streptococcus regroupe de nombreuses espèces bactériennes au pouvoir pathogène très différent: L'interprétation des examens bactériologiques est rendue difficile par le fait que la majorité des streptocoques sont commensaux des muqueuses et téguments.

 

La pathologie streptococcique reste fréquente et polymorphe même après l'apport de l'antibiothérapie. Au niveau physiopathologie, il faut distinguer 2 groupes de maladies:

·        La plupart est en rapport direct avec la multiplication du germe

·        Le rhumatisme articulaire aigue, la glomérulonéphrite aigue, l'érythème noueux et la chorée relèvent de mécanismes immunologiques induit par une infection antérieure regroupées sous le terme général de maladie inflammatoire post-streptococcique.

 

 

PHYSIOPATHOLOGIE: Bactériologie

- cocci Gram+ non-capsulé en chaînette

-         classification fondée sur un antigène de structure pariétale, le polysaccharide C dont il existe 18 sérogroupes désignés par les lettres de l'alphabet.

-          Les streptocoques du groupe A sont les plus virulents

-          Certains streptocoques, en particulier du groupe A, élaborent des enzymes ou toxines parfois directement pathogènes (ex: toxine érythrogène de la scarlatine). D'autres substances (streptolysines O et S, hyaluronidase, streptokinase...) ont un rôle moins bien défini mais sont très antigéniques, et les anticorps produits sont à la base du sérodiagnostic.

Pathologies streptococciques suppuratives

 

1) Angines, la plus fréquente des infections à streptocoques, prédominante chez l'enfant et l'adulte jeune, à l'origine du plus grand nombre de complications

- Angine érythémateuse ou érythémato-pultacée
- adénopathies sous-angulomaxillaires parfois fixées
- pas d'autre atteinte des voies aériennnes supérieures, caractère différentiel avec les angines virales
- hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles

Le diagnostic est en théorie assuré par l'isolement du S . En pratique de ville, ces moyens sont très rarement mis en oeuvre, l'attitude communément admise en France étant l'antibiothérapie systématique qui amène la rétrocession de l'angine en 24 à 48h.

Sans traitement, la guérison en moins d'une semaine, mais est à l'origine de rechutes et de complications précoces:

- sinusites, otites moyennes suppurées, mastoïdite, phlegmon amygdalien
- adénophlegmo
n (+ drainage)
- exceptionnellement, sur terrain débilité, septicémie à streptocoques

- Le traitement fait appel à la Pénicilline V (ou G) ou à défaut aux macrolides pendant 10j.

L'adénoïdectomie est justifiée dans les angines récidivantes compromettant la vie scolaire ou professionnelle, dans les amygdalites cryptiques infectées ou non, et dans l'angine phlegmoneuse de l'adulte.

2) La scarlatine: toxi-infection du à la toxine érythrogène du streptocoque A (exceptionnellement C ou G) lors d'une angine ou plus rarement d'une infection cutanée

Autrefois fréquente et grave, la scarlatine est actuellement une maladie sporadique rare, de symptomatologie atténuée et donc de diagnostic difficile.

 

L'immunité acquise après une scarlatine est de type antitoxinique, mais l'existence de 3 sous-types antigéniques expose au risque théorique de récidive.

 

La maladie est observée préférentiellement chez les enfants, plus rarement chez l'adulte, exceptionnellement chez le nourrisson.

Après 12 à 48h d'une angine banale s'observent:

-         L'exanthème apparaît d'abord sur le thorax, la racine des membres, la racine du cou et les plis de flexion. L'extension respecte les paumes, le plantes et la région péribuccale et prédomine sur le thorax, l'abdomen et les fesses. C'est un érythème s'effaçant à la pression, diffus sans intervalle de peau saine, marqué par un pointillé papuleux et plus sombre. Le prurit est inconstant, ainsi que les éléments hémorragiques à rechercher aux plis de flexion. Au toucher, la peau est chaude, rugueuse et granitée.

 

- L'énanthème est encore plus caractéristique. La langue, initialement saburrale, devient rouge écarlate de la périphérie vers le centre. A terme, elle est décrite comme 'framboisée', les papilles étant à nu et saillantes. Au 7°j, elle passe par une étape où elle devient 'vernissée' avant de reprendre son aspect normal.

Les Signes généraux s'atténuent et l'exanthème s'efface devant la desquamation caractéristique débutant au tronc, se poursuivant à la face et se terminant aux membres. Aux doigts, elle est intense et prolongée leur donnant un aspect en 'doigts de gants'. La convalescence est brève.

 

-         Sous traitement, l'éruption est moins intense, l'évolution est raccourcie ainsi que la durée de la desquamation.

 

-         DIAGNOSTIC: Il est avant tout clinique aidé par l'hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles avec discrète éosinophilie. Prélèvements de gorge et ASLO (d'apparition tardive) sont inutiles.

 

-         Traitement IDENTIQUE A CELUI D'UNE ANGINE BANALE à streptocoques mais associant le repos au lit et l'isolement pendant 15jours. Une dérogation à cette règle est la mise sous Péni de tous les sujets-contacts avec certificat médical l'attestant.

 

-         Au 15°jour, il faut vérifier la fonction rénale et la stérilisation du pharynx qui justifierait une prolongation du traitement si le germe persistait (15%). Une surveillance ardiaque est prescrite pendant 1mois.

 

3) Streptococcies cutanées

 

a) Impétigo

-         affection de nature streptococcique mais aussi staphylococcique
- petites épidémies dans les collectiviités d'enfant car très contagieux et auto-inoculable
- bulles en nombre variable à contenu cclair sur une base inflammatoire - le contenu se trouble en quelques heures - la bulle se dessèche pour donner une croûte jaunâtre mélicérique très prurigineuse
- l'ecthyma est une variété ulcéreuse du sujet débilité ou à l'hygiène défectueuse
- siègent volontiers à la face, au cuirr chevelu et aux membres
- des adénopathies satellites sont possibles

 

b) Pustules, pyodermite, intertrigo des plis

Surinfection de lésions cutanées parfois dermatologiques: on parle dans ce cas d'impétiginisation.

 

c) Erysipèle: dermo-épidermite aiguë localisée

Il est développé à partir une infection streptococcique localisée et favorisée par un terrain fragilisé. L'état plus inflammatoire que suppuré des lésions est expliqué par une hypersensibilité locale aux antigènes streptococciques.

 

L'érysipèle de la face débute par des signes généraux. L'infiltration inflammatoire de la face commence près de la porte d'entrée, évidente ou à rechercher, pour s'étendre en périphérie. Un bourrelet oedémateux dessine les bords de ce placard et s'étend de part et d'autre du nez en 'ailes de papillon'. Les éléments vésiculaires et les adénopathies sont constantes. L'évolution spontanée est cyclique.

 

L'érysipèle de jambe donne un tableau de grosse jambe rouge et fébrile. Les caractères de l'érysipèle sont les mêmes, à ceci près que le placard n'a pas de limite nette ni de bourrelet périphérique. L'adénopathie est noyée dans l'oedème. Bien que difficile cliniquement, la recherche d'une thrombose veineuse profonde est systématique, éventuellement à l'aide d'examens complémentaires.

 

 

Sous traitement, les complications sont rares: suppuration, phlegmon, adénite. Une septicémie est le fait d'une immunodépression favorisée par un diabète que l'érysipèle peut venir décompenser. La complication la plus redoutable est la cellulite nécrosante streptococcique.

Le traitement hospitalier diffère selon la localisation:
Pénicilline G 10M/j en continu avec relais par Pénicilline V 4M/j pendant 8j
Pénicilline G 500 000U/kg/j en continu ou synergistine pendant 2 à 3semaines. Hypocoagulation obligatoire.

+ Le traitement des foyers cutanéo-muqueux est impératif sous peine de récidives. Fréquentes au niveau des membres en raison de µthrombi septiques, elles peuvent donner lieu à une antibioprophylaxie prolongée avec contention veineuse.

 

 

 

 

 

d) Cellulites streptococciques

Les cellulites gangréneuses streptococciques ou fasciites nécrosantes sont rares mais gravissimes. Elles font suite à une petite effraction cutanée sur un terrain fragilisé. Un traitement anti-inflammatoire stéroïdien ou non et le retard de l'antibiothérapie initiale sont des facteurs favorisants.

La peau se couvre alors d'éléments nécrotico-purpuriques bulleux. Des fusées purulentes diffusent le long des fascia entraînant une nécrose étendue. La fièvre élevée, les troubles de conscience, la deshydratation et le choc hypovolémique sont fréquents.

Le streptocoque A souvent associé à un anaérobie est à l'origine de ce tableau. Le traitement est la Pénicilline G à la dose de 30M/j avec excision chirurgicale large. La mortalité reste élevée( 30%)

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4) Septicémies à streptocoques : devenues rares et contrôlées par les antibiotiques

Le streptocoque appartient à un groupe précis selon la localisation de la porte d'entrée.


 
Le traitement est grandement facilité par la sensibilité à la pénicilline, parfois prise en défaut par certains streptocoques D ou déficients obligeant " le cas à une étude de la sensibilité antibiotique in vitro.

5) Infections néonatales dues au streptocoque B

Le streptocoques B est saprophyte des voies génitales féminines et la contamination a lieu lors de l'accouchement. L'absence de transmission d'anticorps au nouveau-né est expliqué par l'absence d'immunisation de certaines femmes.
L'infection est révélée tôt après la naissance avec: - septicémie - état de choc - SDRA fébrile  - méningite

 

Au-delà du 3°jour de vie, ce sont une méningite purulente et des localisations ostéoarticulaires plus tardives.

En dehors des hémocultures, l'infection est diagnostiquée par la ponction lombaire et les prélèvements vaginaux.

6) Autres infections

* Les ostéoarthrites à streptocoques occupent le second rang après celles à staphylocoques. Les localisations sont les mêmes.

* Les infections pleuropulmonaires et urinaires sont sans spécificité, en dehors de la prédominance du streptocoque D dans cette dernière localisation

* Les abcès cérébraux, volontiers plurimicrobiens, contiennent souvent un streptocoque anaérobie et/ou non-groupable

* Les méningites sont rares. Un foyer crânien est souvent retrouvé. L'évolution sous pénicilline est favorable.

* Une place particulière doit être faite à la méningite à streptocoque résistant:

-         contact avec le porc
- porte d'entrée cutanée
- atteinte de la VIII°paire crânienne

 

 

 

Pathologies streptococciques non-suppuratives: conséquences de la communauté antigénique entre les constituants des streptocoques surtout A et certains tissus de l'organisme

Les caractères communs à ces affections sont un:

- prédisposition familiale ou seulement individuelle
- foyer initial le plus souvent ORL dont le traitement a été inefficace
- intervalle libre entre l'infection initiale et ces pathologies
- absence de germes dans les localisations intéressées
- lésions inflammatoires non-suppurées
- syndrome inflammatoire biologique le plus souvent

1)      Rhumatisme articulaire aigu : RAA

·        endémique dans les pays du Tiers-Monde

·        plus fréquent chez l’enfant de + de 4 ans et l’adolescent jeune plutôt que l’adulte

·        atteinte des grosses  articulations sous forme de polyarthrite aigue migratrice pouvant durer 1 mois sans traitement.

·        Complications sont surtout cardiaques avec atteinte des 3 tuniques : endocardite +++avec le risque de séquelles valvulaires, myocardite, péricardite plus rare. 

·        Le traitement repose sur : repos au lit ; corticotherapie et pénicilline  pendant une dizaine de jours pour stériliser d'éventuel foyer pharyngé.

 

2)      Glomérulonéphrite aigue : GNA post-streptococcique

·        Seules certaines souches sont responsables

·        10 à 20 jours après une angine ou une infection cutanée.

·        Tableau clinique rarement aigu : fièvre, douleurs abdominales, oedèmes des MI, palpébraux, HTA modérée

·        Biologie : hématurie microscopique , protéinurie modérée, altération de la fonction rénale

·        TRT : repos, régime désodé, diurétiques, trt anti-HTA si besoin.

·        Evolution favorable en quelques  mois sans séquelles.

 

3)      Erythéme noueux streptococcique :

·        Dermohypodermite aigüe nodulaire sous forme de nouures inflammatoires, fermes , sensibles , évoluant par poussées sur face d’extension des membresavec +- arthralgies

·        Régression spontanée en 10 à 15 j.

·        Mais risque de récidive si foyer tjs présent donc à rechercher +++

 

4) Chorée de Sydenham ou chorée rhumatismale

·        Survenant 1 à 6mois après une infection ORL à streptocoque A,

·         elle touche 2X/3 les filles de 5 à 15ans mais aussi l'adulte jeune.

·        L'installation est progressive en quelques semaines, marquée par une maladresse, une instabilité motrice avec chutes, des grimaces... majorées par l'émotion.

·         A la phase d'état, on constate: - des mouvements choréiques involontaires, brusques, de grande amplitude et sans but. Ils prédominent à la racine des membres surtout supérieurs et sont accentués par l'effort, l'attention, l'émotion et disparaissent au repos et pendant le sommeil. Une hémichorée est possible. L'atteinte faciale se manifeste par une dysarthrie, celle des membres inférieurs par des troubles de la marche.

 

+ des troubles psychiques variés.

La constatation d'une chorée doit faire rechercher une atteinte cardiaque dans 20% des cas faisant le pronostic, ou un rhumatisme articulaire aigue retrouvé dans 1/2 des cas.





 

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