1) SEMIOLOGIE DES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

1) SEMIOLOGIE DES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

 

1.1) Définition de la notion de conduite alimentaire

 

1.2) Définitions de la faim, l’appétit, la satiété, le rassasiement.

 

1.3) Analyse des désordres de la prise alimentaire : les symptômes

1.3.1) Les hyperphagies

1.3.2) L’hypophagie

 

1.4) Du comportement alimentaire normal au comportement alimentaire pathologique.

 

2) TROUBLES DE LA CONDUITE ALIMENTAIRE : ANOREXIE MENTALE ET BOULIMIE

 

2.1) Introduction

 

2.2) Anorexie mentale

 

2.2.1) Définitions

2.2.2) Epidémiologie

2.2.3) Tableau clinique de l’anorexie mentale

2.2.3.1) Description clinique

2.2.4) Les différents types d’anorexie

2.2.4) Caractéristiques associées

2.2.5) Les conséquences de l’anorexie

2.2.5.1) Les conséquences physiques

2.2.5.2) Les conséquences psychologiques

2.2.5.3) Les effets de l’hyperactivité physique

2.2.6) Evolution

2.2.7) Le traitement

 

2.2.8) L’hospitalisation

* contrat de soin

* rôle infirmier

* la sortie

 

2.2.9) Peut-on prévenir l’anorexie ?

2.3) LA BOULIMIE

 

2.3.1) Définition

2.3.2) Epidémiologie

2.3.3) Tableau clinique

2.3.3.1) Caractéristiques des boulimiques

2.3.4) Les complications et traitement médical

2.3.5) Evolution

 

3) LES RELATIONS ENTRE L’ANOREXIE MENTALE ET LA BOULIMIE

 

3.1) La boulimie comme symptôme de l’anorexie mentale

3.2) L’évolution d’un syndrome à l’autre

3.3) Les symptômes communs à l’anorexie et à la boulimie

 

4) LES CAUSES DES TROUBLES DE LA CONDUITE ALIMENTAIRE

 

4.1) Contexte culturel

 

4.2) Les causes biologiques

 

4.2.1) Vulnérabilité biologique

4.2.2) L’état nutritionnel

4.2.3) Anomalies neurobiologiques

 

4.3) Les causes sociales et familiales

4.3.1) Origine sociale

4.3.2) Origine ethnique

4.3.3) Activités à risques

4.3.4) Evénements de vie et facteurs familiaux

 

4.4) Les causes psychologiques

4.4.1) La personnalité de l’adolescente

4.4.2) Les personnalités des parents

4.4.3) Diverses approches psychologiques

 

5) PERSPECTIVES THERAPEUTHIQUES ACTUELLES

 

 

 

1) SEMIOLOGIE DES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

 

1.1) Définition de la notion de conduite alimentaire

 

Les conduites alimentaires ont des significations particulières qui vont au-delà de la simple satisfaction de besoins physiologiques.

 

Elles se structurent à partir de nombreux facteurs socioculturels et affectifs.

 

Très précocement l’acte de se nourrir s’étaye sur l’interaction mère/enfant.

 

1.2) Définitions de la faim, l’appétit, la satiété, le rassasiement.

 

La faim : besoin physiologique. Etat somatique provoqué par le manque d’aliment. Elle se traduit par des sensations désagréables associant crampes gastriques, asthénie.

 

L’appétit : c’est l’envie de manger un aliment ou un groupe d’aliments définis.

 

La satiété : l’apaisement de la faim se fait par l’absorption de nourriture : c’est la satiété

 

Le rassasiement : c’est la sensation éprouvée lors de l’établissement dynamique de la satiété au cours du repas. Le rassasiement détermine la fin du repas et contrôle son volume.

 

1.3) Analyse des désordres de la prise alimentaire : les symptômes

 

1.3.1) Les hyperphagies : acte de trop manger

 

* L’hyperphagie prandiale :

 

Correspond à une augmentation des apports caloriques au moment des repas.

 

 

 

 

 

* L’hyperphagie extra prandiale

 

Le grignotage est caractérisé par l’ingestion répétée, quasi-automatique, de petites quantités de divers aliments non spécifiques sans ressentir de faim ou d’appétit.

 

Les compulsions alimentaires sont caractérisées d’épisodes où la personne mange une très grande quantité d’aliments d’une manière incontrôlée.

 

* L’accès boulimique ou la crise boulimique

 

Sont des prises alimentaires massives survenant en dehors des repas en l’absence de sensation de faim. Au cours de l’accès, le sujet ingère de grandes quantités de nourriture au-delà de toute satiété.

 

1.3.2) L’hypophagie

 

L’anorexie se définit par l’absence de faim ou de satiété à l’heure habituelle des repas.

 

La réduction alimentaire ou comportement restrictifs

 

La restriction dite « cognitive » se définit comme « la tendance à limiter volontairement son alimentation dans le but de perdre du poids ou de ne pas en prendre ».

 

1.4) Du comportement alimentaire normal au comportement alimentaire pathologique.

 

Un comportement alimentaire est considéré comme normal s'il satisfait sa triple fonction biologique, affective et relationnelle et contribue au maintien d'un bon état de santé.

 

Un comportement alimentaire est dit pathologique si :

* La conduite alimentaire diffère de façon importante sur le plan qualitatif et quantitatif

* La conduite alimentaire entraîne des conséquences néfastes sur la santé physique ou psychologique

* La conduite alimentaire témoigne d'une difficulté existentielle,

 

 

TROUBLES DE LA CONDUITE ALIMENTAIRE : ANOREXIE MENTALE ET BOULIMIE

 

1) ANOREXIE MENTALE

 

1.1) Définition

 

1.2.1) L'anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire, se manifestant par un refus de s'alimenter et/ou un désir effréné de maigrir.

 

1.2) Epidémiologie

 

Dans les pays occidentaux : 0.5% à 1% d'adolescentes et de jeunes personnes souffrant d'anorexie mentale.

Cette pathologie concerne essentiellement les filles de 12 à 20 ans mais peut apparaître dès l'âge de 9 à 10 ans

 

Les garçons sont moins touchés : 9 anorexiques sur 10 sont des filles.

 

1.3) Tableau clinique de l’anorexie mentale

 

1.3.1) description clinique

 

Cinq signes cliniques

 

* L'amaigrissement

* La peur de prendre du poids et particulièrement de la masse grasse,

* L'aménorrhée

* L'hyperactivité physique

* L'hyperactivité intellectuelle

 

1.3.2) les différents types d’anorexie

 

Le type restrictif : le sujet n'a pas, de crise de boulimie ni recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs.

 

Le type compensatoire avec crise de boulimie/vomissements ou prise de laxatifs

 

 

 

1.3.3) caractéristiques associées

 

Discours contradictoire : elle reconnaît qu'elle est trop maigre Mais, on est à l'opposé" de ce que le patient ressent réellement.

 

Développement d’activités centrées sur la nourriture

 

L’anorexique "se met à l'épreuve", en lien avec la préoccupation constante de pouvoir contrôler l'acte de manger (ou de ne pas manger)

 

1.4) Les conséquences de l’anorexie

 

1.4.1) les conséquences physiques

 

> Diminution de la température corporelle,

> Des pulsations cardiaques,

> Du rythme respiratoire.

> Augmentation de la faim,

> Baisse de la libido,

> Insomnies,

> Troubles et douleurs gastro-intestinaux,

> Vertiges,

> Faiblesse musculaire,

> Hypersensibilité au bruit et à la lumière,

> Rétention d'eau (œdèmes),

> Perte de cheveux et cheveux cassants,

> Peau sèche (déshydratation de la peau),

> Mains et pieds froids (hypothermie),

> Troubles de la vue,

> Sons dans les oreilles (acouphènes),

> Sensations bizarres aux extrémités des membres (paresthésie),

> Lanugo (duvet sur le corps), pilosité excessive sur les membres et/ou sur le visage.

 

La crise boulimique chez les anorexiques du type compensatoire :

 

La crise de boulimie : Elle survient souvent pendant les repas. Dès que la personne commence à manger, elle perd le contrôle de son alimentation et ingurgite des aliments, sans éprouver de sensation de faim.

 

 

Troubles métaboliques

 

Le glucose sanguin est abaissé mais reste habituellement dans les limites de la normale.

Une baisse des taux sanguins des vitamines et des oligo-éléments, en particulier le zinc.

Une hypocalcémie est fréquente : une ostéoporose finit par se développer dans l'anorexie chronique.

 

Troubles de la croissance

 

Troubles endocriniens

 

Perturbations hormonales entraînant une baisse de concentration plasmatique des hormones gonadiques, œstrogène et progestérone.

Une hyper activité surrénalienne est fréquente,

Les perturbations thyroïdiennes : abaissement fréquent des taux plasmatiques de T3  alors que les T4 (thyroxine) sont le plus souvent normales.

 

Troubles cardio-vasculaires

 

Dysfonctionnement cardiaque dû à la diminution de la masse musculaire cardiaque) avec ralentissement du rythme cardiaque ou accélération, une arythmie, hypotension (vertiges

 

Troubles gastro-intestinaux

 

* Atteinte de l'œsophage et du cardia, secondaires aux vomissements et aux régurgitations.

* Inflammations dues aux reflux acides des vomissements

* Ralentissement de la vidange gastrique + propriétés intestinales réduites entraînant douleurs et constipation.

 

Troubles hydro-électrolytiques

 

* Urée et créatinine sanguine peuvent être augmentées.

* Des œdèmes périphériques peuvent s'observer dans les cas graves liés en particulier à une hypo albuminémie

* Diminution du potassium total du fait des vomissements provoqués, l'abus des diurétiques et des laxatifs peuvent entraîner une hypokaliémie dangereuse.

* Hypernatrémie,

* Alcalose métabolique surtout liée aux vomissements

* Hypomagnésémie, hypochlorémie.

* Anémie, leucopénie et thrombopénie restent modérées mais, peuvent être observées.

* Avitaminose peut également être observée entraînant scorbut avec perte de dents.

Déficit calcique avec un risque d'ostéoporose secondaire due à la malnutrition

 

1.4.1) les conséquences psychologiques

 

* Préoccupations obsédantes pour la nourriture

* Troubles du comportement alimentaire comme manger très lentement ou couper la nourriture en petits morceaux ou des accès hyperphagiques.

 

S'y rajoutent :

* Symptômes dépressifs

* Difficulté de concentration et de mémoire

* Instabilité

* Diminution de l'expression émotionnelle

* Diminution des intérêts et des activités sexuelles

 

1.4.2) les effets de l’hyperactivité physique

 

Chez une personne anorexique, l'hyperactivité physique traduit un désir de minceur ou un désir de contrôle de son corps et de soi. Elle procure une impression de maîtrise de soi, voire chez certains un sentiment de domination du corps par l'exercice de sa volonté.

 

L'exercice physique outrancier est aussi utilisé par certains comme une mesure autopunitive. C'est une manière d'expier ses fautes ou ses défaillances.

 

1.5) Evolution

 

Les formes mineures, assez fréquentes.

 

Les formes graves cachectisantes. La mortalité est en moyenne de 5 à 7%

 

L'évolution intermédiaire est ponctuée d'épisode anorexique entre coupé de reprise transitoire de poids, soit du fait des crises boulimiques de la patiente, soit en raison des hospitalisations.

 

1.6) Le traitement

 

1.6.1) L’hospitalisation

 

Une hospitalisation s’avère souvent nécessaire et utile si :

* poids trop bas

* Etat de santé physique et psychologique est préoccupant.

* La personne ne parvient pas à sortir des cycles de boulimie et de vomissements plus abus de laxatifs, plus abus de coupe faim, exercices physiques excessifs.

* Dépression sévère ou risques suicidaires

* Echec d’une thérapie ambulatoire.

 

L’hospitalisation a pour but : une reprise de poids et une rémission des symptômes de dénutrition.

 

Il s’agit en fait de prévenir, chez ces patients, des complications médicales graves, voire fatales.

 

Contrat de soin

 

Définition : contient la modalité de prise en charge de la patiente dans le but de rétablir un état somatique satisfaisant grâce au gain pondéral ou prise de poids et à un équilibre alimentaire stable.

 

* rôle infirmier

 

Surveillance des fonctions organiques

* Prélèvements sanguins sur prescription médicale

Bilan hépatique

Bilan thyroïdien TSH (Thyroido-Stimuline-Hormone) T3, T4, évaluer la fonction thyroïdienne et hypophysaire.

FNS : anémie carences

Bilan hormonal : FSH (Folliculo-Stimuline-Hormone) LH (Lutéino-Hormone) : évaluer les conséquences du déficit nutritionnel sur le cycle hormonal.

ECG : évaluer l’activité cardiaque afin de repérer d’éventuels troubles du rythme.

* Prise de constantes : tension artérielle, fréquence cardiaque, température

* Noter les entrée (eau, bouillon, thé, café, lait, perfusion, alimentation par sonde etc.) quantité de liquide ingérée et/ou injectée et les sorties (volume des urines).

* Etablir une courbe de poids, selon des pesées

* Transit : constipation, rythme des selles etc. diarrhée, douleurs

* Surveillance de l’état psychologique

 

Surveillance thérapeutique

 

Veiller à la prise des traitements prescrits par le médecin et surveillance des effets secondaires

 

Surveillance des conduites alimentaires

 

L’infirmier doit observer les comportements alimentaires de la patiente au cours des repas même choisit par la patiente.

* Noter sur une feuille de surveillance les aliments ingérés à chaque repas (permet de calculer la quantité de calories/jour)

* La sélection des aliments, la durée du repas

* Le comportement de la patiente (anxiété, dégoût, rejet etc.)

* Noter la quantité d’eau ingérée (1l500 à 2 litres par jour).

 

Soins relationnels

 

L’infirmière doit établir une relation de confiance, être chaleureuse, emphatique, mais ferme et ne pas porter de jugement.

Elle doit veiller au respect du contrat, impliquer la patiente afin de la responsabiliser dans la prise en charge de sa maladie et dans les progrès accomplis.

Elle doit être à l’écoute de la patiente, la rassurer lors des repas qui est une période d’anxiété importante.

* Rassure la patiente lors de la prise de poids qui va provoquer une dévalorisation de l’image du corps qui grossit

* Aider l’anorexique a accepté ce corps qui se modifie, elle peut donner des conseils de mise en valeur : habillement, soins esthétiques, coiffures etc.

* Favoriser l’expression de l’identité de la femme ou de la féminité et l’estime de soi.

* Arrivée à lui faire prendre conscience de la relation nourriture/plaisir (normalisation des attitudes à l’égard de la nourriture).

* Encourager l’anorexique à participer à des activités culinaires : préparation d’un gâteau.

* Etre vigilant quant à ses manipulations affectives, pas de maternage, à ses attitudes agressives.

 

La surveillance des dissimulations

Cette surveillance consiste : à contrôler le contenu des poubelles ; à surveiller si la personne ne se fait pas vomir ; à détecter les faux prétextes pour ne pas manger, à repérer l’utilisation de laxatifs.

 

La prise en charge de la famille

 

La famille peut être surprise de la décision thérapeutique concernant la séparation d’avec leur enfant. Savoir écouter la plainte familiale est y répondre professionnellement par rapport à l’isolement nécessaire

 

Il ne s’agit pas de les exclure, mais de l’amener à accepter cette séparation et de coopérer au projet de soins.

 

Il faudra rassurer la famille, afin qu’elle accorde sa confiance à l’équipe soignante,

 

Il faudra l’informer régulièrement de l’état d’évolution de la patiente, maintenir le dialogue afin de permettre à la famille d’exprimer ses craintes, ses émotions.

 

Il faudra mettre en place une prise en charge thérapeutique (psychologue ou une psychanalyse) en groupe ou individuelle des parents en accord avec eux.

 

* La sortie.

 

Lorsque la patiente a atteint le poids fixé par le contrat et que celui-ci reste stable, la sortie est envisagée,

Sa sortie se prépare en fonction aussi, de son statut social (emploi, études, etc.)

Sa famille doit être présente, disponible, accepter l’évolution, la maturité de leur enfant.

 

La psychothérapie commencée lors de l’hospitalisation est maintenue par la patiente et la famille.

 

La prise en charge des parents est essentielle, elle se réalise par :

 

* Consultations régulières pour leur permettre d’exprimer leur perception d’échec (mauvais parents) leurs difficultés dans le couple.

* Des groupes de parents, où, sont exprimés les difficultés relationnelles rencontrées avec les enfants en général et en particulier avec leur enfant.

 

La relation soignant soigné

 

* Garder une position univoque, en ce qui concerne les conduites à tenir décidées.

* Eviter toute sorte de maternage

* Tenter de permettre à la patiente de se responsabiliser vis à vis de son destin, de ses désirs individuels, parler de ses projets, des moyens d’avenir possibles.

* Valoriser ses progrès

* Organiser des temps de discutions avec un soignant référent

* Respecter les temps où la patiente a besoin de prendre du recul face à sa situation personnel

 

La difficulté de la relation duelle

 

L’écoute du soignant est avant tout un soutien pour la patiente qui vit à ce moment là un conflit avec elle-même, dont elle décharge les émotions sur un support transférentiel.

 

Il s’agit d’être plus compréhensif que directif.

 

Accepter comme favorable les différentes humeurs.

 

La fermeté du soignant est le refus de faire des concessions sont des attitudes fondamentales qui laisse une issue favorable possible quant à l’amélioration de l’état pathologique.

 

1.7) Peut-on prévenir l’anorexie ?

 

L’objectif de la prévention primaire : Elle suppose que l’on connaisse les facteurs de risque de la maladie et qu’on puisse agir directement sur eux.

 

Dans le cas de l’anorexie, on a encore une idée incertaine de ces facteurs, si ce n’est le régime qui précède immédiatement son apparition.

 

Par ailleurs certains des facteurs présumés dans le développement de la maladie sont difficilement modifiables, comme l’influence de notre culture idéalisant la minceur et incitant au régime.

 

Dès l’âge de 3 ans, les enfants, aussi bien les garçons que les filles, stigmatisent les gros et valorisent les minces.

La prévention secondaire cherche à écourter autant que possible le temps écoulé entre l’apparition d’un trouble et son traitement afin d’en minimiser les conséquences négatives.

 

Pour cela, il est nécessaire d’informer le grand public sur la maladie. Toutes les personnes qui côtoient régulièrement des jeunes gens, devraient être en mesure de reconnaître les premiers signes de la maladie et savoir aborder la personne malade.

 

L’anorexie pose une série de problèmes spécifiques en matière de prévention secondaire : la non-reconnaissance de la maladie par l’anorexique

 

La prévention tertiaire vise à diminuer les dommages occasionnés par la maladie. Elle cherche à éviter les conséquences physiques et psychosociales les plus nocives.

 

En conclusion, pour être plus efficaces, les programmes de prévention devraient s’adresser aux enfants d’âge scolaire et comporter les éléments suivants : aider les enfants à reconnaître et à accepter une diversité de formes corporelles et de poids, leur expliquer l’impossibilité de transformer leur silhouette à l’infini, leur présenter les principes d’une alimentation saine, discuter avec eux des effets délétères des régimes, envisager les bienfaits et les effets pervers de l’exercice physique et enfin leur apprendre à se défendre contre les moqueries,

 

2) LA BOULIMIE

 

2.1) Définition

 

Absorption exagérée, rapide, incontrôlée, compulsive de grandes quantités de nourriture, plus sous l’effet d’une contrainte intérieure difficilement répressible que sous l’emprise de la faim.

 

La durée d’évolution est de 10 ans en moyenne avant une consultation.

 

2.2) Epidémiologie

 

La prédominance féminine est un peu moins forte que celle de l’anorexie mentale.

 

Elle de 5 à 7 filles pour un garçon.

 

La prévalence est de 1.2% à 2% chez les filles est de 0.2% chez les garons.

 

2.3) Tableau clinique

 

Les accès d'ingestion alimentaire incontrôlée, accompagnés de stratégie de contrôle du poids (par des vomissement, l'emploi de laxatifs et autres médicaments purgatifs, des périodes de jeûne drastique, ou des exercices physiques excessifs).

 

Ce sont des épisodes répétés d'accès boulimique (fréquence) sont d'au moins 2 fois par semaine pendant au moins trois mois.

 

Le syndrome boulimique envahit les pensées et les activités des malades, toute leur vie se structure autour des crises.

 

La maladie peut ainsi évoluer pendant de nombreuses années sans que l'entourage sans que l'entourage le plus proche puisse le soupçonner.

 

Il existe deux types de boulimie :

 

* Type par vomissement ou prise de purgatifs ("purging type")

* Type sans vomissements ni prises de purgatif (non purging type") le sujet présente d'autres comportements compensatoires inappropriés, tels que le jeûne ou l'exercice physique excessif.

 

2.3.1) Caractéristiques des boulimiques

 

Les aliments que les boulimiques consomment lors des crises de boulimie sont en général des aliments hypercaloriques. Certains boulimiques préfèrent les aliments sucrés, d'autres sont plus sensibles aux aliments gras, mais souvent en alternance.

 

Les boulimiques fonctionnent souvent dans le système du tout ou rien.

 

La fréquence des crises est variable : elle va de quelques crises hebdomadaires jusqu'à dix par jour, suivies par des vomissements répétés.

 

2.4) Les complications et traitement médical

 

Les conséquences physiques

 

Les rythmes alimentaires très perturbés peuvent engendrer un arrêt des règles avec le même type de conséquences physiques que dans l’anorexie.

 

Les vomissements répétés peuvent considérablement et définitivement altérer l’émail des dents, les rendant alors très fragiles et cassantes.

 

Plus grave, les vomissements peuvent causer de sérieux déséquilibres sur le plan des taux corporels d’acidité, de sodium et de potassium.

 

On peut aussi noter un fonctionnement excessif des glandes salivaires, qui donne souvent à la personne un visage en apparence joufflu. Chez certaines personnes boulimiques, de légères excroissances insensibles peuvent se développer sur les doigts ou le dos des mains, suite au contact répété avec les dents, lorsque ces personnes tentent de provoquer le réflexe de vomir en enfonçant les doigts dans la gorge.

 

Suite aux vomissements acides répétés, les ulcères de l’œsophage et de l’estomac peuvent se développer ainsi que des risques d’hémorragie oesophagienne.

 

 

 

 

 

 

En cas d’hospitalisation :

 

La relation doit aider la personne boulimique à modifier ses représentations de la fonction des aliments.

 

Surveillance :

 

Physique

* Etablir une courbe de poids;

* Surveiller le pouls, la tension artérielle et la température ;

* Effectuer les bilans sanguins prescrits dans le cadre de la surveillance de l’état général de la personne ;

* Encourager à s’hydrater : 2 litres d’eau par 24 heures.

 

Psychique

* Aider à identifier les périodes ou situations ayant une influence sur le comportement boulimique (soulager d’une angoisse

* Permettre au patient de repérer et de décrire ces situations :

A quel moment de la journée cela se produit-il ? Où, dans quel contexte ? Quelles sortes d’aliments sont ingérées ?

* Encourager le patient à demander de l’aide lors de la survenue des sensations de faim, d’angoisse ou d’irritabilité

* Favoriser l’expression de sa peur de grossir et de perdre le contrôle de lui-même

* Lui conseiller de tenir un journal, d’y noter tout ce qui concerne les épisodes boulimiques de les authentifier, pour avoir recourt à d’autres comportements.

* Noter également les circonstances de mieux être pour en prendre conscience.

* Proposer des entretiens avec la diététicienne afin d’éduquer la personne sur la valeur nutritive des aliments pour l’aider à modifier ses habitudes alimentaires

* Proposer des techniques permettant de pallier l’angoisse sans avoir recours à la nourriture (respiration, yoga, relaxation, expression corporelle, activité sportive..)

* Signifier les progrès réalisés et le mieux ressenti par la personne

* Préparer le retour à domicile en fin d’hospitalisation

 

 

 

 

La sortie le devenir

 

Suivi psychothérapique de la boulimique et de la famille

Suivi médical

Maintenir des habitudes alimentaires.

 

2.5) Evolution

 

L’évolution est marquée par la répétition des crises entrecoupées de tentatives d’interruption, de stabilisation.

 

Les demandes thérapeutiques formulées par les patientes sont souvent nombreuses, diversifiées (diététique, psychothérapiques, médicamenteuses, comportementales..) Mais rarement poursuivies avec assiduité, du moins au début.

 

3) LES RELATIONS ENTRE L’ANOREXIE MENTALE ET LA BOULIMIE

 

 

3.1) La boulimie comme symptôme de l’anorexie mentale

 

La boulimie est devenue fréquente dans l’anorexie mentale : environ 50% des anorexies mentale présentent des conduites boulimiques, marqués par des frénésies alimentaires et des vomissements.

 

3.2) L’évolution d’un syndrome à l’autre

 

Possibilités fréquentes (dans le devenir des adolescentes atteintes de troubles de conduites alimentaires) de passage entre les trois organisations symptomatiques :

* L’anorexie à) forme restrictive

* L’anorexie mentale avec boulimie

* La boulimie

 

3.3) Les symptômes communs à l’anorexie et à la boulimie

 

Anorexiques et boulimiques ont en commun la peur d’être ou de devenir grosses, le désir contraignant d’être minces, des perturbations de l’image du corps dont le volume est en général surestimé et dont l’aspect est habituellement déprécié.

 

 

4) LES CAUSES DES TROUBLES DE LA CONDUITE ALIMENTAIRE

 

Les causes sont multifactorielles :

* Facteurs sociaux, familiaux, psychiques et biologiques.

 

4.1) Contexte culturel

 

Les troubles alimentaires semblent très spécifiquement liés au contexte culturel, et même à un seul type de culture. Ainsi, anorexie et boulimie n’apparaissent pas dans les pays en voie de développement, où l’accès à une nourriture suffisante représente souvent une lutte quotidienne, mais uniquement au sein d’une culture occidentale où l’on donne à la nourriture, présente en surabondance, un sens autre que celui « fonctionnel » de survie.

 

Ces dernières années ont de plus vu apparaître le culte du corps : corps idéal, mince, contrôlé dans les moindres détails, bien différent du corps réel.

 

4.2) Les causes biologiques

 

4.2.1) vulnérabilité biologique

 

On a évoqué la possibilité d’une vulnérabilité biologique aux troubles des conduites alimentaires qui pourrait être liée au sexe féminin, à la puberté et à une prédisposition génétique.

On peut mettre en relation l’augmentation de fréquence de l’anorexie et de la boulimie avec l’abaissement de l’âge pubertaire 

 

4.2.2) l’état nutritionnel

 

La malnutrition et la dénutrition observées dans l’anorexie mais aussi dans la boulimie peuvent aggraver les troubles des conduites alimentaires mais aussi les conditions psychologiques qui les favorisent.

 

4.2.3) anomalies neurobiologiques

 

Résultats encore incertains, parcellaires ou contradictoires, sont insuffisants pour autoriser la formulation d’hypothèses étiologiques.

 

 

4.3) Les causes sociales et familiales

 

Rôle souvent réduit à celui de facteurs favorisants, impuissants en eux-même à générer les troubles des conduites alimentaires en l’absence de conditions de développement et des relations familiales pathogènes jugées primordiales.

 

4.3.1) origine sociale

 

L’anorexie mentale est classiquement plus fréquente dans les classes sociales moyennes ou supérieures. Des attentes plus exigeantes de réussite scolaire mais aussi le souci plus marqué de l’apparence physique et la valorisation de la minceur dans les classes sociales favorisées pourraient contribuer à y expliquer la plus grande fréquence de l’anorexie.

 

Il semblerait que l’incidence des accès boulimiques, des cas possibles de boulimie et de tous les autres comportements de contrôle de poids, ne soient pas influencées par l’origine sociale.

 

4.3.2) origine ethnique

 

Des études récentes donnent une image plus complexe révélant l'influence culturelle.

 

4.3.3) activités à risques

 

Certaines activités récréatives combinant exigence de minceur, entraînement physique intensif et tension nerveuse liée à la compétition exposent à un risque accru de troubles des comportements alimentaires, d'anorexie mentale et de boulimie.

 

4.3.4) événements de vie et facteurs familiaux

 

* hostilité envers l'enfant

* surprotection parentale

* Changements négatifs dans les relations familiales.

* Contraintes parentales

* Sévices sexuels plus fréquents chez les boulimiques.

 

 

 

 

4.4) Les causes psychologiques

 

4.4.1)  la personnalité de l’adolescente

 

On a souvent décrit l’anorexique comme ayant été un enfant modèle, docile et soumise à l’excès, perfectionniste, anxieuse et introvertie.

 

Les aptitudes intellectuelles des anorexiques sont considérées comme supérieures et on a pu y voir une propension à recourir à l’intellectualisation comme défense contre les émotions et les relations affectives.

 

4.4.2) les personnalités des parents

 

* La dépression et l’alcoolisme sont des troubles psychologiques le plus souvent rapportés.

* La fréquence des états dépressifs maternels dans les 1ères années de la vie de l’enfant et dans l’année qui précède le début de l’anorexie a été signalée.

* Obésité est courante dans parenté du 1er degré des boulimiques.

 

4.4.3) diverses approches psychologiques

 

Approche cognitive et comportementale

 

Le désir de minceur peut prendre la signification d’une volonté de retrouver un corps d’enfant et de se libérer des contraintes de l’adolescence.

 

Approche systémique

 

Elle lie l’anorexie et la boulimie à une crise du développement de la famille à l’adolescence qui en exige l’évolution

 

Approche psychanalytique

 

Réponses inadaptées de la mère aux besoins de l’enfant, en particulier pour la nourriture comme donner à manger au moindre signe de gène : la mère substitue ses propres sensations et ses propres besoins à ceux de l’enfant.

 

 

 

 

5) PERSPECTIVES THERAPEUTHIQUES ACTUELLES

 

Loin de toute systématisation d'un programme thérapeutique rigide, le principe central des thérapies multimodales doit être d'adapter l'approche thérapeutique à la singularité de chaque cas.

 

Les différentes thérapies :

Approches nutritionnelles différentes selon si anorexie ou boulimie

* La thérapie nutritionnelle

* Les régimes

* Les thérapies comportementales ou cognitivo-comportementale

* Les boulimiques anonymes qui ne sont pas une thérapie, mais qui peuvent aider par la chaleur humaine des réunions (basées sur le principe des alcooliques anonymes).

* La psychanalyse

* La thérapie cognitive

* La thérapie familiale

 

Il s'agit souvent de permettre au patient, par des voies diverses, de prendre conscience de ce qu'il ressent, et de libérer ses tensions ou émotions. Ces thérapies sont généralement assez intensives, certaines se déroulent en groupe.

 

CONCLUSION

 

Les conduites anorexiques et boulimiques manifestent une crise du développement de l'adolescence et de sa famille que leur logique évolutive négative peut fixer dans une impasse en l'absence d'un traitement adapté suffisamment précoce.

 

 

Bibliographie

 

Comprendre les cas concrets soins infirmiers psychiatrie "étude de cas et soins infirmiers" Jacques PROUSS Editions Heure de France

 

"Adolescence et psychopathologie" Daniel MARCELLI Alain BRACONNIER Edition Masson

 

"Comment sortir de l'anorexie ? Et retrouver le plaisir de vivre". Dr Yves SIMON, Dr François NEF, Edition Odile JACOB- Paris -2002

 

"La boulimie, comprendre et traiter" Martino FLAMENT, Philippe JEANNET Edition Masson Paris 2000

Cahier nutrition diététique, 36 hors série 1 2002

 

Que sais-je n°2603 "l'anorexie et la boulimie de l'adolescence" Henri CHABROL Edition PUF 1998

 

Psychiatrie et soins infirmiers adolescents et adultes.

 

1

Module psychiatrie 3 : anorexie, boulimie. JK. Novembre 2004